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vendredi 22 décembre 2017

AIGLON


  Non ! Ce n'est pas le roi de Rome qui nous intéresse ! 
Lui qui fut affublé à titre posthume de ce surnom rendu célèbre par une pièce d'Edmond Rostand.

  Même si jouer aux petits soldats sur les genoux de papa Buonaparte n'empêche pas d'être philatéliste par la suite... Mais l'Aiglon en question mourra hélas bien trop jeune à l'âge de 21 ans, pour voir naître les timbres-poste !

  Et non, ce n'est pas celui-ci non plus, dont l'éclosion en direct à la télé a ému l'Amérique  :


Remarquez au passage les similitudes entres les deux géniteurs : 
Même regard perçant, même nez, même mèche rebelle, même attitude protectrice !


Non ! 
L'Aiglon qui nous intéresse est une entreprise qui existe d'ailleurs encore de nos jours, 
créée en 1901 à Aubervilliers, et que son site internet décrit ainsi : 

Elle se place rapidement au premier rang de la fabrication des huiles blanches, graisses et vaselines pour diverses applications (automobile, moteurs industriels, industrie électrique, industrie textile, cimenteries, imprimerie,  petite métallurgie, produits pharmaceutiques et vétérinaires…). 
En 1921 Aiglon devient  la Société Anonyme de Raffinerie de Corps Gras de l'Aiglon (S.A.R.C.G.A ).


  Les collectionneurs de timbres semi-modernes connaissent son existence grâce à la publicité que l'entreprise a eu la bonne idée d’accoler à certains d'entre eux. Mais même les plus avancés ou hyper spécialisés auront bien du mal à en apprendre beaucoup à leur sujet ! 
Bien des questions se posent.
D'où cet article...

En quelle année sont apparues ces publicités ?
Sur quels timbres, et en quelle quantité ?
Pourquoi ne trouve t'on pratiquement que des isolés ?
Et pourquoi quasiment jamais sur des courriers ?
Ne serait-ce pas une production purement philatélique ?

J'espère que nos lecteurs sauront nous éclairer de leurs lumières, 
et qu'ils voudront bien nous montrer les jolies pièces de leurs collections !

  La logique voudrait que la première publicité AIGLON soit celle de ce joli carnet de porte-timbres, que l'on connait surtout avec une Semeuse 10 c. rouge :


...mais qui existe aussi avec le 5 c. vert au type Blanc. 
A moins qu'un petit malin ne se soit amusé à en changer les timbres...

  Ce carnet est en fait un livret particulièrement luxueux, sur lequel je vous conseille de jeter un œil sur le site de notre ami Philippe : http://www.semeuse.com/138_carnet.html  
Sans être rarissime, il n'est pas si courant que ça, et très beau.

  Il date en tout cas d'avant 1921, puisque l'entreprise ne s'appelle pas encore SARCGA. 
Le 5 c. vert Blanc et le 10 c. rouge Semeuse finissant leurs carrières au début des années 20, cela semble coller !

Curieusement, je n'en ai jamais rencontré sur lettre ou carte postale. 
Cela aurait pu nous donner de précieuses indications sur la période d'utilisation.

Et vous, en avez-vous vu ?

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 Ce qui colle moins, ce sont tous ces autres timbres, parfois bien plus tardifs, que l'on trouve parfois collés sur les même porte-timbres que ceux de ce carnet. 
 Peut-être que l'entreprise avait conservé des feuillets pour son usage, mais peut-être bien aussi que certains philatélistes mal intentionnés s'en sont donnés à cœur joie !...


**************

  Fin des années 20 - début des années 30 (en tout cas, c'est ce qu'il me semble, d'après les timbres concernés) la marque apparaît sur plusieurs valeurs, presque toutes imprimées en rotatif, située sur leurs bords de feuille ou bien sur leurs "marges" dites inter panneau, celle qui séparait verticalement la feuille de 100 en deux panneaux de 50.


  Voici pour vous faire une idée (et aussi pour vous faire un peu rêver) 
tous ceux que je connais au type Semeuse. 

YT numéros 139-140-159-189-190-191-192-197-199-235-236-237-253-254-préo 51

Mais n'imaginez pas pour autant qu'ils soient si courants : on les trouve assez difficilement. 
Leur tirage a même dû être assez restreint à mon avis.

On en connait aussi les suivants :
-Blanc 1 c. 2 c. 5 c. et 10 c.,
-Blanc 1/2 sur 1c., 
-Blanc 10 c. préoblitéré, 
-Pasteur 30 c. vert, et 1 f.50 surchargé Caisse d'Amortissement, 
-Jeanne d'Arc 50 c.

-et un seul qui provient des BDF du carnet Pasteur  10 c. vert YT 170, imprimé à plat !

  Certains n'étaient pas connus il y a peu, parmi ceux que je cite : les surchargés pour la Caisse d'Amortissement  YT 236, 253, 254, et 255 notamment. 
Je crois même que personne ne les avait jamais plus vus depuis le Docteur Braun, l'illustre amateur de publicitimbres.

Lorsque la "pub" se situe sur le BDF, on en connait ces deux variantes : POUR / LUXE


Pour les BDF du carnet Pasteur, il existe aussi "AIGLOLINE" mais c'est un cas particulier. L'impression est différente, un peu baveuse : méfiance !


Lorsqu'elle se situe sur l'inter panneau, on n'en connait qu'un modèle :


Dans tous les cas, elle se situe sur la gauche du timbre. 
Pourquoi ?
Probablement en raison d'un impératif technique de l'imprimeur.

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Mais attention aux faux : ces pubs ont attiré l'attention des faussaires !
Les imprimantes modernes peuvent nous tromper au premier abord, mais ne permettent pas d'atteindre la même qualité d’impression que pour les originaux, si on les observe de plus prés.


L'impression est alors beaucoup moins nette, parfois faite de points ou de tirets, 
et souvent baveuse sur les bords des caractères.

Ces falsifications sont encore plus trompeuses pour les BDF :


On trouve souvent ces fausses pubs sur la droite du timbre, et/ou attenantes à une paire.
Alors que ce n'est pas le cas pour les vrais (à ma connaissance).
Ce qui les rend plus faciles à dépister...

faux

Je ne connais qu'un bloc de 4 coin de feuille du 199 avec les 2 pubs différentes sur son BDF, absolument authentique. Vue aussi une paire verticale avec 2 pubs inter panneau du 189.

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  Parfois, on trouve des oblitérés et j'en connais 3 : deux au type Blanc et un au type Pasteur, datés de 1932 et 1934.

  Et enfin, quelques uns, type Blanc, portent un cachet RETOUR A L'ENVOYEUR, comme ce magnifique exemple sur un journal de 1932, dont je remercie le propriétaire  :



Je suis preneur de tout renseignement complémentaire, 
et de toutes les images pouvant se rapporter à ces jolies publicités !

Votre avis m'intéresse !

vendredi 1 décembre 2017

...à sec !


  Les carnets de notre chère Semeuse sont une source inépuisable de trouvailles, de raretés, et de pièces spectaculaires, qui font le bonheur de bien des philatélistes et enrichissent depuis des décennies leurs collections, qu'elles soient monographiques, thématiques ou spécialisées.

  Deux valeurs sont à juste titre considérées comme les plus représentatives : le 25 c. bleu pour la Semeuse camée (YT 140), et le 50 c. rouge pour la Semeuse lignée (YT 199).
Chacune avec des dizaines de carnets superbes, qui diffèrent à la fois par le nombre de timbres, par leurs types, leurs couvertures et/ou leurs publicités.

  Ces deux timbres ont chacun représenté durant de longues années la valeur d'affranchissement de la lettre simple pour l'intérieur. Ceci explique cela.

  Si le 140 est bien le roi de l'époque de l'impression à plat et des débuts flamboyants de la publicité, le 199 a eu l'avantage de vivre en direct la transition entre typographie à plat et rotative, et donc d'essuyer les plâtres des débuts de l'utilisation des machines rotatives pour la fabrication des carnets.

  La rareté (et donc le coût aujourd'hui) des carnets du 140 rend sa collection difficile, alors que celle du 199 est encore relativement abordable.
Il faut dire que durant les quelques années qui les séparent, la mode du carnétisme avait eu le temps de se développer...
  Le succès de cette présentation a été tel auprès du public et des collectionneurs de l'époque, que les carnets du 199 ont bien plus souvent été conservés entiers que ceux du 140, dont certains sont à ce jour quasiment introuvables.

  Comme nous l'avons déjà vu, les carnets ont subi eux aussi tous les aléas de la fabrication des timbres, mais comme leurs tirages étaient bien moindres que ceux des feuilles-vente, les variétés touchant les carnets sont assez difficiles à trouver, ce qui en fait tout le charme !

  Je dois bien vous l'avouer, ces variétés de carnets, je les adore !
Impressions recto-verso ou sur raccord, piquages décalés, à cheval ou en diagonale, non dentelés, pli accordéon etc... J'en raffole !

 J'ai eu la chance tout récemment d'entrer en contact avec un philatéliste qui voulait se séparer d'une magnifique variété : un carnet rotatif du 199, dont l'encrage est pour le moins défectueux !

C'est ce que l'on appelle une impression à sec (presque totalement à sec) : seuls quelques timbres sont imprimés, les autres étant restés "vierges".

Ce que l'on voit en bleu sur la gauche, c'est par transparence, la publicité de la couverture.

L'acheteur de l'époque a peut-être été un peu déçu de payer 10 francs pour à peine 4 timbres à 50 c.
Mais il a bien fait de ne pas le découper.
Peut-être était-il un peu philatéliste ?

Il s'agit à la base d'un carnet 199 C 58, dont les pubs pratiquement invisibles sont :
PHENIX      SHYB
OSRAM       SHYB
Il date de septembre 1929. Couverture de la série 178.

  En cherchant dans mes archives, avant de l'acheter, j'en ai trouvé 2 autres semblables, certainement imprimés au même moment, lorsque l'encre est venue à manquer ce jour-là.
Il doit bien en exister quelques autres...

  L'un des deux porte même en bas le reste du numéro 97148, scindé en 2, que vous aviez aperçu en haut à gauche sur celui-ci : incroyable, non ?

(bas de l'un)
(haut de l'autre)

Les voici tous les trois juxtaposés :


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    Comme du coup, le 140 est un peu jaloux, j'en profite pour vous montrer deux autres superbes variétés d'impression, non pas par manque d'encre, mais à cause d'un pliage du haut de la feuille survenu juste au mauvais moment :




Dans les 2 cas, avec ou sans pub, l'impression des timbres du coin se retrouve du côté de la gomme !

Spectaculaire aussi !