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dimanche 27 novembre 2016

Photos d'époque : Merci la B.N.F. et Merci Gallica !


 Certaines de ces photos vous sont déjà connues, car elles ont servi à illustrer quelques sites de passionnés des timbres de cette époque.
Mais je ne peux résister à l'envie de vous les montrer ici à nouveau car elles y ont toute leur place.
  J'ai en effet découvert récemment qu'elles avaient été prises par un journaliste visitant en 1913 l'atelier de fabrication des timbres-poste, alors situé au n°103 du boulevard Brune à Paris.
Là où sont nées toutes mes chères Semeuses !...

 Entrez donc avec moi...

  En 1913, le tarif de la lettre simple pour l'intérieur était de 10 centimes, 25 pour l'étranger, 35 pour une lettre recommandée, et 5 ou 10 pour une carte postale, selon ce que vous écriviez dessus. 
Figurez-vous que tous les timbres correspondant à ces différents tarifs avaient la même effigie ! 

  Je vous laisse deviner laquelle... 
Vous avez déjà trouvé ?
 
Notre timbre préféré avait le monopole quasi absolu : 
il suffisait de lui donner la couleur appropriée, selon la réglementation 
internationale de l'U.P.U. : vert, rouge, ou bleu pour les principaux tarifs.
Les philatélistes ont tous en tête la série de 1907 au type Semeuse.

Mais poursuivons notre visite :
(vue agrandie en cliquant sur les images) 
Admirez la salle des machines avec au premier plan les presses à cylindres, plus modernes, et tout au fond les autres machines !


 C'est sur ces machines que notre Semeuse était imprimée !



 En zoomant, on peut voir les bidons d'encre, de la marque Lefranc, et l'endroit exact par où passait la feuille de papier pour être imprimée !
C'est précisément là que naissaient toutes les Semeuses, là où l'encre leur donnait la vie sur le papier : personnellement, moi je trouve ça émouvant. Pas vous ?

L'origine du monde, si Gustave Courbet avait été philatéliste et non pas seulement peintre...

 Admirez la beauté de cette machine, avec toutes ces manettes de réglage, ces mécanismes que l'on imagine bien huilés : ça fait presque autant rêver que la toile du maître en question...

  Ensuite, les feuilles étaient insérées pour le gommage, par de très jeunes ouvriers visiblement :
   Puis elles étaient entraînées comme sur un tapis roulant, et cheminaient sur cet étendoir géant le temps que leur gomme soit sèche, jusqu'à l'autre extrémité où d'autres jeunes gens étaient chargés de les récupérer et de les empiler précautionneusement :

Ensuite les feuilles étaient massicotées, ébarbées, et mises en paquets :

   Enfin, d'autres machines étaient dédiées à la perforation des feuilles, jusque là non dentelées :
 
Toute une armée d'ouvrières était alors chargée du comptage et de la vérification :

  Ça ne vous laisse pas rêveur, vous, toutes ces feuilles ? 
Moi, oooouuuuiiiii !

  Si on zoome encore une fois sur cette dernière image, on constate qu'il s'agit bel et bien de feuilles de 300 timbres, pas encore découpées en deux feuilles -vente : 

  Dire que pas une seule feuille de 300 ne subsiste aujourd'hui, et là, on en voit des centaines ! 
Regardez bien : en largeur, le 3ème panneau de 25 est visible, sur les 4 !

  En zoomant sur la précédente, voici tout un tas de feuilles de 120 timbres destinées aux carnets, avec leur originale disposition en 6 rangées de 2 panneaux de 10 :


On peut même reconnaître notre Semeuse : C'est merveilleux de voir ça !

A cette époque, les seuls carnets fabriqués étaient ceux du 5 c. vert et du 10 c. rouge (YT 137 et 138). Dommage que la photo ne soit pas en couleurs !...

Et en s'approchant encore, on devine qu'il s'agit de la Semeuse à 5 c.



Cent ans plus tard, on ne connait que deux feuilles entières pour carnets ayant survécu telles quelles, les voici, en couleurs :

                   

  Comment ont-elles bien pu sortir de l'atelier sans avoir été découpées pour constituer chacune 3 ou 6 carnets ? Nul ne le sait, mais il s'agit certainement des plus beaux joyaux de la collection au type Semeuse !  
Et je sais où elles se cachent... Mais je n'en ai que les photos, hélas !


  Il y avait aussi des machines spéciales, pour fabriquer les carte-lettres. Ici pour le gommage de leurs bords, que les utilisateurs allaient bientôt pouvoir lécher pour les fermer, avant de les poster :
 Et ici pour les perforer, ce qui permettrait d'en découper les bords et ainsi de les ouvrir, afin de lire leur correspondance :
  Si on zoome sur les paquets au premier plan, qui voit on comme figurine sur ces carte-lettres ? 
Toujours elle !

*****

  Toutes ces photos m'ont tellement enthousiasmé, que j'ai un peu fouillé sur Gallica, à la recherche d'autres témoignages de cette époque fantastique.

Je suis alors tombé sur ces deux autres photos, datant de mai 1923 : il s'agit de 2 cadres d'exposition en bois, vitrés, dans lesquels les responsables de l'atelier avaient décidé d'exposer aux yeux de ceux qui le visitaient, son matériel dont il était si fier, et le fruit de son travail.

 Dix ans se sont écoulés, et le timbre au type Pasteur a (un peu) pris la place de notre Semeuse.
Mais les procédés de fabrication sont restés à peu prés les mêmes.

  Avec l'aide des moyens informatiques d'aujourd'hui, j'ai réussi à améliorer, et à déchiffrer avec grand peine les légendes de ces photos, qui viennent confirmer et préciser ce que le journaliste de 1913 nous avait déjà montré :







*****

  Au centre de l'un des cadres, trône fièrement la toute première machine Chambon, qui a servi à la fabrication du premier timbre français imprimé par une presse rotative : le 10 c. vert Semeuse au type I B, avec ses fameux coins datés dont nous avons déjà beaucoup parlé.
C'était le 4 mars 1922, à peine plus d'un an avant cette photo !

La légende souligne tous les avantages de cette machine moderne :
 Vive le progrès !


On en apprécie mieux les détails sur cette image :

*****

  Au centre de l'autre cadre, on trouve une photo du poinçon original en cuivre du timbre Pasteur, gravé à la main par Prud’homme, et surtout celle d'un cliché de 50 fabriqué à partir de ce poinçon, destiné aux machines de typographie à plat :

On remarque l'emplacement dégagé au centre 
de la deuxième rangée du cliché.
Il était destiné au chiffre du millésime. 
Celui-ci changeait chaque année bien entendu.

*****

Voila ! C'est fini ! 
J'espère vous avoir fait partager le plaisir immense que j'ai eu 
à découvrir tous ces merveilleux témoignages 
d'une époque aujourd'hui révolue.


2 commentaires:

marcorse a dit…

Effectivement, ces photos sont passionnantes et font rêver!
Une machine à remonter le temps... Si un collectionneur avait ça pour aller s'acheter quelques timbres directement à la poste en 1849 ou même un peu plus tard!!!

Anonyme a dit…

Bonjour, magnifique article !!!
Les photos sont formidables , j'ai les yeux qui brillent !