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samedi 31 octobre 2015

Triplement faux !

 
    Le 10 c. vert Semeuse est un de mes timbres préférés, et un des plus intéressants aussi !

Sans parler du type maigre et de ses célèbres pubs Phéna et Minéraline dont nous avons déjà parlé, il a bien des atouts pour attirer le collectionneur : quatre types différents, deux modes d'impression : à plat puis rotative, donc des millésimes et des coins datés, des roulettes (même si l'existence de celle imprimée à plat n'a jamais été vraiment confirmée), des jolis carnets, des surcharges en pagaille, et des variétés !
Pas d'entiers postaux en revanche : pas très grave puisque je ne les collectionne pas...

   Ceux qui ont déjà "surfé" sur mon blog, et qui ont de la mémoire, s'en souviennent certainement : il s'agit du premier timbre français à avoir été imprimé en 1922 par la toute première presse rotative. Il a donc dû essuyer les plâtres de cette nouvelle technique, car les employés de l’atelier de fabrication des timbres ont mis quelque temps à se faire à cette nouvelle machine venant révolutionner leur travail de tous les jours !

A tel point que ce sera le seul timbre cette année-là à être imprimé en feuilles de 100 avec des coins datés.

Qui dit nouvelle technique dit nouveau matériel nécessaire, et donc un nouveau type : le type I B.

  Dans un premier temps, au coin inférieur droit de chaque feuille, la date venait se loger dans une encoche aménagée dans ce but au sein des parallélogrammes imprimés en vert et séparant sur le cylindre d'impression les deux blocs de deux galvanos qui composaient une feuille. Et idem au coin inférieur gauche, pour la numérotation des feuilles :

encoche                                                                             encoche
pour                                                                                    pour
le numéro                                                                                la date

Je rappelle : deux galvanos de 50 timbres pour composer une feuille, et deux feuilles avec deux coins datés différents par tour de cylindre. D'où le mode de collection des coins datés qui consiste depuis lors à réunir une paire de deux coins datés du même jour, chose assez difficile croyez-moi, surtout pour les timbres de cette période ! On y arrive parfois, ou presque... Il m'en manque un pour compléter ces 4 jours successifs :


   Quatre cylindres bien distincts ont été confectionnés et utilisés successivement entre le 4 mars et le 21 décembre 1922. Le Baron De Vinck les a identifiés et leur a laissé des "noms" composés de 2 lettres correspondant aux 2 galvanos bas de feuilles portant la fameuse date.

Le tout premier et mythique cylindre A+A est rarissime, introuvable de nos jours (y'en a un sur ce blog).
Le second B+C se croise de temps en temps : on n'en connait que quelques dates, et toujours en mars (voir le bloc de 20 ci-dessus)..
Les deux suivants ont assuré pratiquement tout le tirage de cette année-là : ce sont D+D et  D+E.
Ils sont assez peu courants, mais les seuls que l'on trouve de temps en temps, raison pour laquelle les catalogues n'accordent bêtement qu'une cote ridicule aux CD de 1922, alors que certains sont des pièces de musée... Ceux de mars 1922.

   Un impératif technique rendait obligatoire en 1922 seulement l'impression par la première rotative de la date et du numéro (comme vous l'avez vu sur le bloc ci-dessus)  dans la même couleur verte que les timbres et que les parallélogrammes. D'où la nécessité des encoches pour que date et numéro soient bien lisibles.

   Par la suite (dès janvier 1923), modernisation technique oblige, les dateurs et "numéroteurs" seront indépendants et imprimeront dorénavant en noir.
A quelques rares exceptions prés, comme les timbres porteurs d'une surcharge de couleur. La date sera alors parfois de la même couleur que la surcharge.

DONC : puisque la date est noire, plus besoin des 2 encoches dans les parallélogrammes, ce qui devait simplifier le boulot (qui était fait manuellement), et surtout : nouveau matériel, donc nouveau type pour notre 10 c. vert : le type III qui sera celui imprimé jusqu'en 1929, le plus courant, pas rare du tout.

Mais pas pour autant à la portée de toutes les bourses !
La faute aux catalogues qui n'y comprennent pas grand chose aux coins datés, eux !
En effet, ayant remarqué que l'on trouvait peu de CD de 1924, ils les ont largement surcotés : plus de 10 fois le prix des autres années, qui sont il est vrai  les plus courantes. La plupart des collectionneurs ne recherchant qu'un CD par année, ceux de 1924 sont devenus chers sans être vraiment rares.

Tout ça parce qu'en 1924, le tirage n'a commencé que le 9 décembre, ne laissant que 3 semaines à cette année-là. Mais je peux vous assurer que ceux de 1922 sont bien plus difficiles à trouver pourtant !

  Ceci a hélas eu pour conséquence d'attirer tous les petits malins qui ont recherché cette année 24 plus que les autres. Et ce qui a même tenté quelques uns d'entre eux de devenir malhonnêtes !...
C'est la raison ce cet article.

  Un grand négociant parisien, dont l'honnêteté ne saurait être mise en cause, vient de mettre en vente tout un tas de jolis coins datés, provenant certainement d'une grande collection, au milieu desquels mon œil fut immédiatement attiré par ça :

Un CD de 1924, avec la date en vert ! 
Ce fut comme un coup de tonnerre !
" Pas possible! "  me suis-je écrié !

Et bien NON : cela n'est pas possible ! Il s'agit bel et bien d'un truquage.
Pourtant, il y a bien la fameuse encoche, me direz-vous.
Oui, certes, mais c'est celle d'un CD de 1922.  En 1924, elle n'existait plus depuis longtemps.

Coin daté de 1922 qu'un abruti malhonnête a utilisé pour le transformer en un de 1924, afin de le vendre au prix fort à un collectionneur qu'il voulait abuser.

Tout ça parce qu'il ne devait pas en avoir d'authentique, et surtout parce qu'il a dû au passage réaliser une bonne opération financière, encouragée par la mauvaise cotation des catalogues qui ne reflètent absolument pas la rareté relative des CD ! Un scandale je vous dis !

  L'énergumène s'est donné la peine de couper le bas daté du CD original de 1922, et d'y imprimer avec sa minable imprimante, une fausse date de décembre 24, comme vous le démontre la photo suivante :
FAUX                                VRAI

Du coup, le bas de feuille est bien plus court.
Les pointillés montrent la funeste découpe.
La forme des parallélogrammes est bien la même.

Vous pouvez constater que les chiffres utilisés pour la date ne sont pas les bons, leur forme diffère nettement des originaux. Sans parler de leur couleur qui aurait dû être noire.

Faux chiffres - faussement verts

Vrais chiffres - réellement verts

Vrais chiffres - vraiment noirs

Vous devinez bien (en tout cas pour ceux qui me suivent) que les timbres du CD truqué sont au type I B de 1922, et non au type III, seul type utilisé en 1924. Mais cela, le faussaire devait l'ignorer, bien entendu.

Pour mémoire, il s'agit à l'origine d'un CD du galvano E de D+E, qui n'a servi qu'entre octobre et décembre 1922 et qui s'est retrouvé ici raccourci et défiguré...

Alors que c'est H+I qui a servi en décembre 1924.
Dont voici d'ailleurs un exemple, AUTHENTIQUE :

Les parallélogrammes sont bien différents de ceux de D+E.
Il n'y a pas d'encoche.   Timbres au type III.
La date est imprimée en noir, et bien à sa place : plus bas.

Heureusement ! 
Encore heureux qu'il se soit servi d'un CD de D+E ! Car cet abruti aurait tout aussi bien pu massacrer à coup de ciseaux une merveille de notre patrimoine, s'il s'était attaqué par ignorance et par cupidité à un des 2 premiers cylindres, qui sont eux, bien plus rares et bien plus onéreux, que celui qu'il a voulu imiter, mal !...

Remarquez que cela aurait été bien fait pour lui !... Mon histoire aurait eu encore plus de saveur.
Et j'aurais pu conclure en écrivant : Bien mal acquis ne profite jamais !

 Triplement faux donc :
  -pas le bon type du timbre
  -pas les bons caractères ni la bonne couleur pour la date
  -pas le bon galvano    

Si à l'avenir, vous vous intéressez aux coins datés, vous vous ferez moins souvent avoir, croyez moi !...
Un philatéliste averti en vaut deux !




lundi 19 octobre 2015

Doublement faux !

   Les promenades sur les sites de ventes aux enchères m'ont souvent permis de dénicher de belles pièces pour ma collection, et je ne suis certainement pas le seul dans ce cas...

Même si le marché philatélique est souvent morose, en cherchant bien, on trouve parfois matière à se redonner le sourire.

Et aussi souvent de belles arnaques, c'est vrai !

En voici un bel exemple :


La description en anglais mentionne pourtant bel et bien qu'il s'agit d'une contrefaçon (forgery en anglais), et il n'y a pour l'instant aucune enchère.

Mais je me demande s'il ne va pas se trouver un francophone pour se faire avoir...

La surcharge est fausse, mais réellement apposée deux fois.

Sur un timbre oblitéré Semeuse 35 c. violet YT n°142.

Mais sur un exemplaire au type I, qui a été imprimé à plat, contrairement à celui qui a été surchargé officiellement, qui est bien plus rare, imprimé en rotatif et qui est au type II.

Type II que l'on identifie à la forme du premier S de POSTES.

Une seule feuille de 100 timbres existe avec l'erreur "double surcharge".

Le décalage des deux surcharges est assez peu visible, vers la droite et non vers le haut, comme sur cet exemplaire :



La feuille a été imprimée le 14 avril 1926, et certainement vendue au guichet de la poste à l'époque.
L'erreur n'ayant pas été repérée.

L'expert (Monsieur CAMPEAU) qui l'a eue par la suite entre les mains, a bien pris soin de signer à l'aide de son cachet circulaire tous les timbres, et de les numéroter au verso, pour les vendre à ses clients philatélistes.

Le découpage a eu lieu avant 1958, puisque le célèbre négociant parisien Monsieur Georges MONTEAUX en a vendu à cette date.

Je ne pense pas qu'il en existe d'oblitéré.

A moins qu'un de ces philatélistes n'ait poussé le vice jusqu'à s'en servir pour affranchir une lettre, qu'il se serait adressée à lui-même probablement.

Ce serait une rareté, certes un peu "philatélique", mais vraiment exceptionnelle !